L'ART
Introduction:
-terme qui a deux sens: -technique pour les classiques
-idéal de Beauté, il a une finalité esthétique
- Qu'est ce que l'esthétique? -la métaphysique du Beau?
-la philosophie de l'Art?
"Esthétique" signifie "théorie de la sensibilité", c'est le sens pour KANT d'esthétique transcendantale, mais il accorde ailleurs un autre sens: jugement de valeur relatif au Beau, pour établir ces normes, il faudra une certaine acceptation du Beau…laquelle?
A. LE BEAU COMME SUPRA-SENSIBLE
PLATON inspire la métaphysique en quête de l'essence du Beau. Pour lui, l'art est imitation de la réalité ainsi, il peut faire illusion. Cependant, la beauté d'une chose participe à la Beauté en soi (théorie de la réminiscence). L'expérience esthétique peut alors être la démarche la plus accessible pour reconquérir le monde des Idées. L'émotion produite par la vue d'un corps admirable est comme le réveil de l'âme. Dialectique de PLATON, dans le Banquet,
- l'amour d'un beau corps
- l'amour des beaux corps
- l'amour des belles formes
- l'amour des belles âmes
- l'amour des belles vertus
- connaissance des Idées et de la Beauté sensible
Le Beau sous son apparence, signifie l'Idée, l'Art est l'expression de l'idée pure.
PLOTIN , avec St AUGUSTIN et HEGEL,définira le Beau comme la forme qui domine la matière, et lui impose une unité
KANT se démarque de la métaphysique du Beau: il veut déterminer les principes à priori du jugement esthétique, qu'il ramène à 4
a. le Beau est l'objet d'un jugement de goût désintéressé
b. le Beau est ce qui plaît sans concept, d'une façon universelle
c. La Beauté est la forme de la finalité d'un objet, en tant qu'elle est perçue dans cet objet sans représentation d'une fin.
d. Est beau ce qui est reconnu sans concept comme l'objet d'une satisfaction nécessaire.
KANT ne fait pas une métaphysique du Beau mais une critique de la faculté de juger ("à quelle condition…ce que je juge est beau?")
Mais, si le Beau n'est pas suprasensible, ne donné dans la Nature, il n'est pas non plus une pure forme à priori de nos jugements, une simple création de l'esprit (KANT). Le Beau est une valeur qui se détermine dans son application au réel , le résultat d'un rapport dialectique entre l'Homme et la Nature, d'une action créatrice de l'Homme à partir du donné naturel, grâce à des procédés techniques qu'il élabore lui-même. L'esthétique est donc philosophie de l'art. Elle ne veut pas construire à priori les normes du Beau(KANT), ni les imposer à l'Art du dehors. Elle cherchera à tirer ses normes de l'activité esthétique elle-même.
1.La Nature et l'Art
Si le jugement esthétique est jugement de valeurs, ces valeurs étant choses d'esprit, c'est l'esprit qui met de la Beauté dans la Nature, à preuve qu'il faut déjà une certaine éducation du goût pour découvrir cette beauté.
2.La création artistique
2.a)Peut-on expliquer une œuvre d'art?
La difficulté, c'est de rendre compte de la création car expliquer, c'est ramener le nouveau à l'ancien, l'inconnu au familier; expliquer une création, c'est nier son originalité, son côté créateur. Si l'esthétique pouvait découvrir le secret des œuvres d'art, l'esthéticien serait à même d'en créer à son tour. Mais l'art se veut au-delà du discours et de la raison. Le secret de l'œuvre d'art est ineffable, la raison ne peut l'analyser.
2.b)peut on mettre en lumière certains aspects de l'œuvre?
En effet, l'art n'est pas créé ex-nihilo, puisque c'est la mise en forme de matériaux préexistants. Pour cette raison, certains prétendent donner des "explications", en se basant sur les différentes conditions de l'activité esthétique:
-CONDITIONS HISTORIQUES ( influences de mouvement précédents, réactions)
-CONDITIONS PSYCHO-PHYSIOLOGIQUES
¤Nous sommes des natures d'abord sensible= exercice des sens souvent désintéressés. Il y a une sensualité esthétique de l'œil, de l'oreille, du toucher…dont on ne peut faire abstraction au profit d'une certaine intellectualité.
¤L'activité esthétique s'apparente au jeu, de par son caractère désintéressé, de ne viser aucune fin utilitaire (cf. la danse, mi-art, mi-jeu).
¤On rattache l'art à la sexualité…c'est le cas de DARWIN et FREUD, dont les théories sont très discutées: l'artiste a en lui des pulsions refoulées, la création est alors une transposition sur un plan supérieur, comme sublimation (cf. De Vinci "expliqué" par FREUD, le vautour obsessionnel…).
Or, ces trois conditions seront réfutées comme insuffisantes.
-CONDITION SOCIALES ET SOCIOLOGIQUES
¤la création serait une transposition +ou- consciente des conflits entre classes sociales, résultat d'une influence extérieure( cf. Virgile dont les œuvres ont un sens politique, les drames de Diderot et les comédies du 18ème siècle s'expliquent par la montée de la bourgeoisie). Ainsi, TAINE s'efforce d'expliquer toute œuvre d'art comme produit de la race, du milieu et du moment.
D'ALEMBERT cherche les origine de l'art dans la technique,
d'autres, dans la religion, comme l'abbé BREUIL:" si les idées magiques ou
religieuses n'avaient permis d'insérer dans les plus graves préoccupations de
la vie réelle l'art né pour lui même, celui-ci, trop faiblement greffé sur les
occupations essentielles de la vie quotidienne, aurait risqué de demeurer
embryonnaire"
Si nous laissons de côté les origines aventureuses de l'art, il faut admettre que l'art est social au sens où il est typique d'une société.
FRANCASTEL:"l'art est un témoin des grandes formes de
la sensibilité collective", l'œuvre ne peut être comprise que par la
signification que lui prête le groupe ou l'époque dans laquelle elle a vu le
jour.
MAIS ces
conditions sont-elles vraiment des explications qui pourraient indiquer ce
qu'est la nature de l'œuvre d'art?
2.c)La
création artistique défie toute explication
En effet, les explications laissent de côté l'essentiel,
c'est à dire la valeur de l'art. Elles n'expliquent de l'art que ce qui , en
lui, n'est pas artistique. Le secret de la création n'est pas dans les
matériaux, mais dans l'élan mystérieux qui les métamorphose en œuvre d'art. Le
miracle de l'art est qu'il ne reflète pas mais qu'il transfigure, nous emmène
dans un autre monde, celui du chaos ou de la sérénité.
Si l'art se base sur des matières sensibles, il reste de
"l'ineffable en poésie comme il y a de l'invisible en
peinture"(SOUCIAU). La matière ne devient matière esthétique que lorsqu'il
y a purification (transformation des données de départ vers un mieux), qui la
libère des interprétations utilitaires de la vie courante. L'essentiel de l'art
est d'être créateur à travers une transposition, une transfiguration du réel.
C'est pourquoi les pulsions, instincts doivent subir la même purification que
la sensibilité.
BEAUDOUIN: "le beau, c'est le désirable lorsqu'il
cesse d'être désiré, pour être, avec quelque recul, contemplé"
En ce qui concerne l'explication sociale, elle doit
également être dépassée. La plupart de ces conditions sociales sont
"anesthétiques" c'est qu'elles expliquent les circonstances de
l'œuvre non l'œuvre elle-même. Et si l'art
dit la société, il le dit négativement, car l'art est une évasion.
Il y a une différence de perspective entre l'art et la
religion car "le croyant ne voit pas la beauté des images , il ne voit que
leur piété"(LALO) L'art n'est vraiment né que le jour où l'Homme a su
apprécier la Beauté pour elle-même, comme fin autonome, indépendante de son
pouvoir magique.".
2.d)
Par quel processus y a t'il création d'une œuvre d'art?
Le GENIE. Si l'art engage l(Homme tout entier dans ce
qu'il y a de plus profond, la création se fait selon des facteurs spontanés, et
d'autres + disciplinés, + volontaires.
1-
facteurs spontanés: les artistes
développent volontiers l'inspiration, le génie, la spontanéité inconsciente,
sans doute parce qu'un don est inexplicable, arrange la notoriété. On retrouve
ces idées en philosophie: PLATON faisait de l'inspiration l'enthousiasme (possession
divine).
BERGSON l'appelle "délire",
rapproche le sentiment esthétique de l'hypnose. il existe un mysticisme de
l'esthétique qui privilégie l'inspiration, le rêve, l'intuition rebelle à toute
analyse.
L'école de l'EINFÜLLUNG :au moment de
la création, l'artiste entre en sympathie avec les choses, un transfert affectif,
un partage.
Mais les élans affectifs ne
deviennent matière esthétique qu'a condition de se réfléchir et de se
transformer. Le désordre des états pathologiques est incompatible avec la
création artistique.
2-
facteurs
utilitaires: loin d'être pur rêve, l'art est une création disciplinée,
technique . S'il n'est pas simple imitation, il n'est pas non plus simple
expression de la subjectivité du moi intime. MALRAUX: "Notre art est
la création d'un monde étranger au réel, il n'en est pas l'expression".
Mais cette technique esthétique diffère profondément de la technique utilitaire,
en ce qu'elle est technique de "création d'un monde irréel". Tout
comme l'enfant transfigure le monde réel, l'art créé un monde de formes qui
ont une vie indépendante, un espace et un temps propres = illusion recherchée
et voulue, créatrice, incarnée dans l'œuvre, obligée de s'astreindre à la
discipline d'une technique appropriée.
En résumé, 2 théories doivent donc
se compléter :une selon laquelle le GENIE est un don, l'autre selon laquelle il
est le fruit d'un certain travail.
Cf.
NIETZSCHE:"l'imagination du bon artiste produit constamment du bon, du
médiocre et du mauvais; mais son jugement extrêmement aiguisé choisit,
rejette."
Cf. ALAIN: "la loi
suprême de l'invention humaine, c'est qu'on n'invente rien qu'en
travaillant".
Il est donc impossible
d'expliquer une œuvre d'art car elle est toute une harmonie entre un ordre et
un désordre, une sensibilité et un style.
3.
LA SPECIFICITE DE L' ŒUVRE D'ART
a)Objets naturels= ils ont en eux leurs principes (leur source et leur évolution)
Objet artificiels= ils reçoivent de l'extérieur le principe de leur existence, de leur évolution (créé)
b)2 catégories d'objets artificiels
1- objets artificiels qui répondent à une fonction
il faut d'abord savoir son
utilité avant de le fabriquer: l'essence précède l'existence.
2- objets artificiels qui ne répondent à aucune fonction précise
Il ont une présence plaisante, c'est tout. KANT: ils ont une "finalité sans fin"; ils ne sont pas là pour combler un manque précis. Il suscite "un plaisir désintéressé "(KANT) à être contemplé. Le fait que le plaisir soit désintéressé correspond à cette finalité sans fin, où l'on envisage l'objet uniquement dans sa représentation, c'est ce qu'appelle KANT, le GOÜT.
¤Dans la vie , nos intérêts guident toujours nos pas. Tout ce que nous faisons est intéressé. Par contre, je suis lié à l'objet d'art uniquement par ce qui se passe en moi-même au sujet de sa représentation (une corbeille de fruit peut éveiller 2 réactions :je mange ou je suis séduit par des formes, des couleurs…cela ne correspond en moi à aucun manque à combler, à aucun désagrément: indépendamment de l'existence de l'objet représenté, j'ai une émotion)
rappel
objet utile= -finalité
-fonction
-plaisir intéressé
-particulier à la personne
qui ressent le besoin
objet non-utile= -finalité sans fin
- pas de fonction
-plaisir désintéressé= goût
-aucun besoin particulier
KANT:le beau est ce qui plaît universellement et sans concept: ce qui plaît à tous sans
qu'on puisse donner une raison (concept); l'objet d'art a un statut particulier
et éveille une émotion toute particulière puisqu'elle est nécessité à la fois
pour moi et pour les autres. Je pose comme une nécessité de droit
l'universalité du jugement esthétique. L'objet
d'art est un objet paradoxal, l'objet d'une finalité sans fin, qui ne se
donnant que comme objet de contemplation, fait naître un plaisir paradoxal ou
désintéressé(KANT) qui ne peut être reconnu comme tel par tous.
¤ Spécificité par rapport à la science et à la philosophie.